Association L'Ange Bleu
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Briser le tabou autour des abus sexuels

Le Matin, 21 février 2007

Aucune action de prévention n'a jamais été entreprise

Au Maroc, où la levée de boucliers sur le thème de la pédophilie et de la maltraitance sexuelle n'est pas encore effective, certains séjours dans les centres de détention pour mineurs se transforment en période d'initiation pour une durée censée être celle du redressement.

A ce jour, aucune étude sur la prévalence de ce genre d'abus n'a été effectuée dans notre pays. «Les cas d'agressions sexuelles déclarées à l'encontre de mineurs dans les institutions carcérales donnent lieu à des enquêtes et suivent ainsi la procédure légale normale», affirme maître Assia El Ouadie, fondatrice de l'Association des amis des centres de réforme et de protection de l'enfance, qui précise que si enquête il y aura ce sera au niveau du ministère de la Justice.

Au-delà de sa mission de sanction, la prison est par excellence un lieu de réinsertion. Le détenu mis à l'écart de la société pour une durée déterminée est appelé à la réintégrer à la fin de sa peine.

Cette préparation est encore plus importante quand il s'agit de jeunes adolescents ou de mineurs qui peuvent être soit sauvés s'ils sont pris en mains à temps ou perdus à jamais s'ils sont livrés à eux-mêmes dans un milieu où les conditions sont favorables pour mener à la déperdition. La promiscuité, les conditions d'enfermement et le manque d'encadrement font de la prison pour mineurs un milieu à haut risque.

Il est souvent le théâtre de dérapages sexuels ou de tout autre nature qu'il est difficile mais pas impossible d'éviter.
Le fait qu'on n'en parle pas assez ne veut aucunement dire qu'ils n'existent pas. «Peut-on continuer à se voiler la face en ce qui concerne les abus sexuels et viols en milieu carcéral ? Peut-on se limiter à l'enfermement sans réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour une meilleure protection de la maltraitance sexuelle des personnes vulnérables ou jeunes adolescents ? Peut-on tout simplement se cacher derrière les tabous pour laisser se propager un phénomène inavouable souvent destructeur ?», se demande Latifa Bennari, présidente de l'association L'Ange Bleu, qui œuvre pour prévenir la pédophilie et se bat en France contre les abus sexuels en milieu carcéral.

Elle tente d'importer le même combat au Maroc. Les témoignages poignants de détenus victimes de maltraitance sexuelle mettent les responsables face à une réalité difficile à occulter. Des phrases comme «Il m'a forcé à enlever mon pantalon» ou encore, «Il s'est approché de moi alors que je dormais et s'est mis à me toucher»… reviennent souvent sur la bouche de jeunes détenus agressés par d'autres plus âgés ou plus forts. «Derrière ces murs, privés d'affection, des liens humains, de soutien et d'espace intime, la promiscuité fraye la voie aux déviants sexuels actifs qui assouvissent leurs pulsions sans scrupules et sans morale.

La privation de liberté se double d'ignominie et constitue un obstacle à la reconstruction des détenus victimes», affirme la militante associative avant de préciser qu'au-delà des risques de dérives sous l'influence négative de certains dans l'entourage, les transgressions en matière de délits sexuels sont une réalité qu'il faudra prendre en compte.

En attendant, quelques actions timides sont entreprises pour sensibiliser ces jeunes aux dangers de ces dérives, toujours de manière détournée. «Jusqu'à présent, nous l'avons fait de manière indirecte, c'est-à-dire à travers des activités de lutte contre le Sida ou encore contre l'usage de la drogue.

Cela dit, nous allons programmer des activités de ce genre dans le futur», renchérie maître Assia.
Cette militante qui s'est penchée sur la situation des détenus mineurs a compris que l'enseignement et l'éducation en milieu carcéral étaient les seuls moyens par lesquels le salut peut arriver.
Une approche qu'elle a adoptée et défendue et qui a été bénie par la plus haute autorité de l'Etat.

Pour renforcer ce combat, Latifa Bennari ne demande qu'à faire profiter le Maroc de ses contacts en France.
Elle projette de faire venir un aumônier qui forme ses homologues chrétiens, juifs et musulmans qui œuvrent dans les prisons.
«Il y a également un Marocain qui est très sensibilisé par mon action et qui accepte de venir former les travailleurs en milieu carcéral.

Il s'agit du directeur du SPIP (Service de probation d'insertion en milieu carcéral pénitentiaire)», précise-t-elle.
Avec ce panel de professionnels, elle pense donner le coup d'envoi d'une action structurée qui a pour objectif d'améliorer les conditions en milieu carcéral et centres de détention.

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Aider les détenus à s'en sortir

Aujourd'hui, Latifa Bennari, une militante qui a fait ses armes en France, dans les institutions pénitentiaires de ce pays, propose de mettre ses compétences et son expérience au service des institutions marocaines.

Son approche se résume en ces termes : prévenir la maltraitance sexuelle et la récidive. «Malgré le dévouement, la volonté et l'ambition du maître Assia El Ouadie, en dépit des quelques aboutissements de projets réalisés, les moyens sont très loin d'être à la hauteur des besoins.

Ce manque ne lui permet pas de mener à bien son plan d'action et ainsi réduire la récidive.

Je suis convaincue que l'implication de tout un chacun dans ce programme associatif et humain est fondamentale si on veut parler de sécurité», propose dame Bennari.

Ce qui revient à dire que ou «le tout carcéral», c'est une hantise qui gagnerait à être remplacée par la prévention et la sensibilisation. Car l'intégration commence derrière les barreaux.

© 2007, Le Matin, Kenza Alaoui - 21 février 2007
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