Association L'Ange Bleu
A.N.P.I.C.P. (Association Nationale de Prévention et d'Information Concernant la Pédophilie)

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Comment traiter les pédophiles ?

Santé Magazine, 1er mars 2008

Sans remettre en cause la nécéssité de punir les criminels, les psychiatres s'intéressent de plus en plus à la prise en charge des pédophiles. Une prévention grâce à des médicaments est même envisagée.

Face au difficile sujet de la pédophilie, la société est très embarassée. Une fois purgée leur peine, faut-il enfermer à vie dans des "hôpitaux-prison" les violeurs d'enfants, les castrer à l'aide de médicaments ? Et s'il existait une possibilité de les soigner ? Il y a une dizaine d'années, la réponse apportée par les psychiatres penchait du côté du "non". Aujourd'hui, la tendance s'inverse, même si les spécialistes reconnaissent eux-mêmes qu'ils abordent un domaine encore peu défriché.

Impossible d'établir un portrait type de l'agresseur

Première difficulté : il n'existe pas un profil unique de pédophile. "La part du sexuel et la part de la violence varient d'une personne à l'autre. Certains souffrent d'un trouble psychiatrique avéré, d'autres non. Il y a beaucoup d'aménagements psychologiques qui peuvent mener à l'agression sexuelle", constate le Dr Sophie Baron-Laforêt, psychiatre et vice-présidente de l'Association pour la recherche et le traitement des auteurs d'agressions sexuelles (ARTAAS).
Une enquête de l'ARTAAS révèle que beaucoup d'agresseurs sexuels ont commencé leur dérive à l'adolescence, sans qu'un adulte se dresse sur leur chemin pour dire "stop". Souvent la famille s'est tue, dans une sorte de pacte de silence. "Les pédophiles n'ont pas choisi leur orientation sexuelle. Elle s'est imposée à eux dans les années qui suivent la puberté. Beaucoup ont eux-mêmes subi des agressions sexuelles dans leur enfance, mais pas tous", précise le Dr Serge Stoléru, psychiatre et chercheur à l'Inserm.
Quant à savoir pourquoi certains vont commettre l'irréparable et pas d'autres, Latifa Bennari, fondatrice de l'association l'Ange Bleu (1), propose une réponse : "La majorité des pédophiles ne passent pas à l'acte grâce à leur sens moral. Mais certains n'ont pas la possibilité de contrôler leurs pulsions. Ce sont souvent des personnes qui vivent dans la frustration, la colère, le défi à la société."
L'idée d'une prévention commence à faire son chemin. Mais certains professionnels sont encore réticents à l'idée de prendre en charge une personne qui avoue ses penchants pour les enfants.

Agir préventivement

Pour Latifa Bennari, cette situation ne peut plus durer : "Il arrive encore que des pédophiles soient mis à la porte des cabinets médicaux, même s'ils ne sont pas passés à l'acte. En fait, on attend qu'ils aient commis une agression pour intervenir !"
L'Ange Bleu a donc mis en place des groupes de parole et des psychothérapeutes se lancent sur cette voie.
Des psychothérapies peuvent être proposées. Dans l'idéal, elles devraient démarrer en prison pour les personnes condamnées et se poursuivre à la sortie. Mais les moyens manquent cruellement.
Les psy reconnaissent que la tâche n'est pas facile face à un personnage caméléon qui déforme la réalité pour la tourner à son avantage sur le plan psychique. "Ils se réfugient souvent dans une sorte de déni, observe Philippe Génuit, psychologue et membre de l'Artaas. ils se disent eux-mêmes victimes de la morale sociale et d'une injustice. Ils ne prennent pas la mesure des dégâts qu'ils ont infligés à l'enfant." Les entretiens tournent donc autour de cette notion : qui est la vraie victime dans cette histoire.

Des médicaments pour contrôler les pulsions des pédophiles

Pour certaines personnes, dominées par leurs fantasmes et leurs pulsions (10 à 15% des cas), la psychothérapie ne suffit pas. C'est là que les traitements anti-hormonaux trouvent leur place. Les spécialistes n'emploient jamais le terme de "castration chimique" car ces médicaments perdent leur effet à l'arrêt du traitement. Rappelons que la castration physique est interdite en France.
En abaissant le taux de testostérone (hormone sexuelle masculine ou androgène), les antiandrogènes agissent sur la libido et réduisent l'activité sexuelle, avec un effet variable selon les personnes. Des contrôles sanguins réguliers permettent de vérifier que le patient suit correctement son traitement.
"Ces produits ont fait la preuve de leur efficacité en prévention de la récidive", assure le Dr Stoléru. L'Inserm coordonne actuellement un programme thérapeutique qui combine à la fois une psychothérapie et la prise d'un médicament. A terme, l'étude devrait permettre de déterminer la molécule la plus performante avec le moins d'effets secondaires. L'objectif est de suivre quarante-huit personnes pendant au moins deux ans. Mais, pour l'heure, seules sept personnes se sont portées volontaires (2). Ces produits doivent-ils être pris à vie ? Peut-on réduire progressivement les doses ? Pour l'heure, on tâtonne.

(1) - L'Ange Bleu : 0820 392 192 (0,12€ la minute) ou www.ange-bleu.com.
A lire : L'Ange Bleu. Pédophilie : prévenir pour protéger de Latifa Bennari, éd. Du Rocher.
(2) - Renseignements sur http://anim.snv.jussieu.fr/pcnet.html



Interview
Dr Sophie Baron-Laforêt, psychiatre


Peut-on prévenir ces actes ?

Oui, pour des personnes qui ont des fantasmes qui les dérangent et les angoissent. Depuis trois-quatre ans, nous réfléchissons à une campagne d'information incitant à consulter. Cela se fait déjà en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Mais la prévention passe aussi par la formation des professionnels. Or, nous n'avons pas été formés dans ce domaine au cours de nos études ! Depuis quelques années, des actions de formation sont en cours mais elles restent encore insuffisantes.

Comment éviter la récidive ?

Notre travail consiste à repérer les facteurs de vulnérabilité chez une personne (ce qui la contient, ce qui la rassure...) et de développer avec un elle un climat de confiance pour proposer des soins. Les taux de récidive des agresseurs sexuels sont plus bas que pour d'autres crimes ou délits. Chez certaines personnes, la condamnation suffit à leur faire peur, mais pour d'autres nous ne savons pas quoi faire. Nous avons beaucoup à apprendre.

Que pensez-vous des traitements médicamenteux ?

Il y a eu une certaine méfiance en France vis-à-vis de ces traitements. Pour un psychiatre, il n'est pas naturel de traiter une personne avec des anti-hormonaux. Il va falloir approfondir différentes questions : à qui ces traitements sont-ils destinés, pendant combien de temps, quels sont les critères pour arrêter ? Le risque, c'est le recours magique au traitement avec l'illusion de la part du thérapeute et du patient qu'ils vont être tranquilles.

© 2008, Santé Magazine, Sylvie Dellus - 1er mars 2008

 


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